L'ouragan Matthew a frappé Haïti avec une force qu'Emilien n'avait jamais vue auparavant au cours de ses 79 ans.
Le père d'Emilien était pêcheur. Il décède en 1954. À l'âge de 17 ans, Emilien est contraint d'abandonner l'école et de se lancer dans la pêche pour subvenir aux besoins de sa famille.
Il vit tout près de la mer à Roche-à-Bateau, une communauté d'environ 25 000 personnes située sur la côte sud d'Haïti.
La dévastation de l’ouragan Matthew est apparente dès l’instant où la ville apparaît depuis la route qui serpente le long du rivage. En entrant dans la ville, il est impossible de l'ignorer. Des arbres gisent au sol, un conteneur d'expédition est suspendu sur le côté au-dessus de la plage, au bord de la route, des maisons plus ou moins endommagées sont partout et quelques cercueils sont visibles sur les porches. Emilien ne savait pas que l'orage arrivait. Il n’était absolument pas préparé à affronter la force des vents et des vagues. Il a passé la nuit à trembler de peur, craignant de mourir. Sa vie a été épargnée, mais pas sa maison ni ses moyens de subsistance. Sa petite maison en bord de mer a été entièrement détruite. Son matériel de pêche a également été perdu.
Son chef communautaire lui a donné une place dans sa propre maison, qui a également été endommagée.
D'autres pêcheurs de la communauté ont tout autant souffert. Leurs maisons, bateaux, casiers de pêche et filets ont également été emportés. L'un des petits-fils d'Emilien a perdu 46 chèvres. D’autres ont perdu des récoltes entières de bananes, de plantains, de noix de coco et d’arbres à pain. Les bananiers peuvent mûrir en six mois seulement. Pour d’autres arbres, il faudra des années avant qu’ils ne recommencent à porter des fruits.
De nombreux habitants de cette communauté locale craignent que les conséquences de la tempête soient tout aussi dévastatrices. Ils craignent que la destruction des récoltes et des fruits entraîne la famine pour leurs familles. Ils craignent que leurs sources d’eau soient désormais contaminées par des bactéries qui pourraient les rendre malades. Ils craignent une épidémie de choléra qui pourrait tuer des milliers de personnes. Ils craignent qu’il faudra des décennies avant que l’île ne se remette complètement de l’impact d’une tempête fatidique.
Emilien vit désormais de ses économies et de la gentillesse de ses voisins. Il espère que des personnes bienveillantes le renverront à la mer afin qu'il puisse à nouveau subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
Le réseau ADRA surveillait l'ouragan Matthew pendant des jours avant qu'il ne frappe Haïti. Une fois soupçonnée l’ampleur des dégâts, une équipe d’intervention d’urgence a été déployée.
Incapables d'atteindre immédiatement Port-au-Prince en raison de la fermeture des aéroports haïtiens, ils se sont envolés pour Saint-Domingue en République dominicaine et ont conduit par voie terrestre jusqu'à Port-au-Prince.
Quelques jours après la tempête, ADRA a commencé les distributions de nourriture et d'articles d'hygiène d'urgence aux communautés de la région des Cayes, qui englobe la communauté d'Emilien.
ADRA s'est également associée à GlobalMedic, spécialisée dans les interventions en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène dans les situations de catastrophe. Ils ont pu installer des filtres à eau communautaires, ainsi que distribuer des filtres à eau domestiques et des aquatabs, pour garantir que les familles touchées aient accès à de l'eau potable pour tous leurs besoins afin de prévenir la propagation des maladies d'origine hydrique.
La réponse d'ADRA comprendra d'autres initiatives d'assistance, y compris la réparation d'abris et la restauration des moyens de subsistance, pour aider le peuple haïtien à se rétablir.
Nous vous remercions, nos généreux donateurs, pour votre aide en apportant des secours d'urgence aux survivants de cet événement tragique. Vous sauvez vraiment des vies !